10 janvier, 2006

Session 4 : Jour 1

C'est parti. Nous sommes installés dans le studio B qui vient d'être refait ambiance "chalet".
Démarrage par "The threat". Texte terminé. Arpège de guitare et contrebasse pour cette ballade en anglais. C'est la première fois qu'un album de Tanger comportera un morceau original entièrement en anglais. Nous projetons cependant d'en faire une version en français.
Les gars sont en pleine forme : Dood a étrenné sa nouvelle guitare acoustique (une Martin au son de cristal) et Tof portait un sweat Mars Volta que je lui chiperais bien...

Lors des touts premiers enregistrements de Tanger, je me suis souvent heurté à la lenteur inhérente à la technique, aux procédures. Comme pour toutes les formes d'expression impliquant un enregistrement, la mise en place du dispositif de prise, le réglage de tous les paramètres, la mobilisation de toutes les attentions nécessaires, imposent un temps heurté, peu compatible avec les glissades capricieuses de l'inspiration. D'autant que dans la recherche de Tanger, il y a cette volonté de saisir collectivement des accidents, des instants de dérèglement, d'improvisation. Il a donc fallu trouver des solutions pour alléger au maximum la technique, la rendre la plus transparente possible.
L'option du jardin d'enfants où tous les jouets sont à disposition a très vite été adoptée : chaque instrument est installé, les micros sont implantés partout dans la pièce, il n'y a plus qu'à ouvrir les lignes à la demande. Cela paraît simple et de bon sens, mais en réalité c'est une demande qui n'est pas toujours comprise par les ingénieurs du son qui ont l'habitude d'enregistrer les instruments les uns après les autres, ce qui implique une opération chronophage de ré-installation à chaque fois et compromet les prises collectives.
Outre les aménagements possibles pour alléger les dispositifs, il faut surtout réaliser que faire un disque, comme faire un film, est un art d'usine, qui implique plusieurs métiers, l'apprentissage d'un tas de connaissances techniques et de nombre de savoir-faire. Cela prend des années, mais c'est essentiel pour manoeuvrer cette forme, être en phase avec les techniciens, jouir de ce temps d'usine et être en mesure de faire des choix. Sans quoi, la technique gouverne très vite le son en imposant les contraintes et les limites d'utilisation du parc technique. Le résultat risque alors de s'apparenter à une sorte de démo insipide du matériel disponible. Je me souviens de discussions serrées avec des ingénieurs incapables de justifier l'emploi de tel ou tel effet autrement que par le simple fait qu'ils étaient nouveaux et qu'ils voulaient en tester l'efficacité.
Au sein de Tanger, c'est Tof qui a la plus grande maîtrise de tous ces outils et donc qui pilote le dispositif. Ne pas prendre d'ingénieur est une affaire d'économie mais c'est surtout un moyen de n'accorder à la technique qu'une présence discrète.

Programme de la journée : prises de voix et arrangements sur "The threat" et mise en chantier d'un instrumental.