01 février, 2006

LA MEILLEURE


C’est donc reparti pour un printemps avec elle ?
La dernière fois, elle était tombée à pic : après un automne d’effroi, bloqué quelque part hors saison, entre l’édifice magistral que Rustin Man avait bâti pour Beth Gibbons et la somptueuse imprudence de Bashung, Chan Marshall nous avait repris la main en douceur, confié à l’oreille You are free et procuré de furieuses envies d’aller au vert goûter sa nature.
L’automne dernier il y a bien eu quelques grands moments chez Richard Hawley, Antony and the Johnsons ou encore Keren Ann (Chelsea burns) mais aucun disque ne laissa une blessure aussi magnifique que Out of season ou L'imprudence.
The greatest ne servira donc pas de convalescence, il va juste nous rendre malade. Il suffit pour comprendre, d’une seule écoute de la valse en apesanteur qui porte à fleur d’ondes la voix étourdie de Chan Marshall sur « Where is my love ».
En comparaison à l’album précédent qui baignait voix et piano dans des réverbes spéléologiques, The greatest est plus sec, joue davantage l’espace en surface. Il sent le bois des Studios Ardent et on entend très vite la volonté de faire sonner le groupe avant toutes fantaisies atmosphériques. Option compréhensible avec de tels musiciens (le gratin de Memphis).
Malgré l'option du carburant soul, l’ajout de cuivres - il est vrai employés au cordeau -, The greatest paraît paradoxalement moins chaleureux et plus rude que son prédécesseur. C’est en écoutant de plus près la voix de Chan que j'ai eu cette impression. On la sent un peu moins habitée, plus retenue : bridée ? Seule au milieu de ces soul monuments de soixante ans, Chan aurait-elle pris un profil trop bas ? Encadrée par la rigueur de ces grands professionnels - quand bien même on imagine qu’ils ont dû être pleins d’attentions et de sollicitations à son endroit - peut-être n’a-t-elle pas eu l’occasion de s’aventurer hors structures ? Ou bien ce grain de désabusion n’est que le reflet d’un état qu’elle était incapable de travestir et qu’il faut déceler dans le texte terrible de Hate : Do you believe what she said / Do you believe what she said / I said I hate myself and I want to die ?
Quoi qu’il en soit, même sans la grâce particulière de I’m free, The Greatest est un superbe album de Cat Power et passage après passage, les chansons s’installent les unes après les autres dans mes intérieurs. Après une semaine d’inoculation, le quintet en désordre :


Lived in bars
: guitare taquinée au médiator, trompette bouchée et shoo bap, cette chanson qui pourrait servir de générique à Tendre est la nuit, donne une irrésistible envie de danser à deux après la fête ; Island qui nous emmène dans des contrées paresseuses façon Mazzy Star ; Where is my love est le bijou éternel de l’album. Cette façon de dire horses... galloping »… et enfin le poignant Hate.



Comme j’aimerais être à Memphis le 11 février prochain ! Il faut donc gagner le prochain euromillion avec quoi je pourrai affréter quelque Airbus et emmener tout le monde. Sinon il faudra bien patienter jusqu'au 8 mars prochain au Grand Rex.

Vous trouverez ici une vidéo athlétique de Living proof signée Harmony Korine où Chan, en combilatex rouge, court avec des musulmanes, une croix en bois blanc sur le dos...

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Magnifique Cat Power dont j'ai trouve le dernier album au coin d'une rue de Melbourne... A ecouter seul les yeux fermes.

En pensant a toi,

TO

2:18 AM  
Anonymous Anonyme said...

Thank you!
[url=http://eudwijdj.com/ahip/mmqa.html]My homepage[/url] | [url=http://gcbtynkk.com/wbgu/jzls.html]Cool site[/url]

11:41 PM  
Anonymous Anonyme said...

Thank you!
My homepage | Please visit

11:41 PM  
Anonymous Anonyme said...

Great work!
http://eudwijdj.com/ahip/mmqa.html | http://tdxqmesq.com/youi/hmgh.html

11:41 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home